Par-delà les crêtes vertigineuses de TaleMe s’étend la République de Midmanchia, un pays secret et spirituel, où les montagnes imposantes abritent des vallées profondes, des plateaux lumineux et des temples suspendus aux falaises. Ici, tout semble à la fois ancien et intemporel : les traditions s’y tissent avec une modernité discrète, comme les fils de soie qui relient les villages accrochés aux rochers.

La Midmanchia est habitée par deux peuples aux destins complémentaires. Les Nomades des crêtes, éleveurs de yacks et bâtisseurs de ponts, parcourent les hauteurs balayées par les vents. Plus bas, dans les vallées dissimulées par les brumes, vivent les Habitants des vallées cachées, cultivateurs patients et gardiens de savoirs ancestraux. À leurs côtés, une faune étonnante, anthropomorphe et familière, compose le visage vivant du pays : chèvres fières, pikas discrets, marmottes rieuses, pandas roux contemplatifs et panthères des neiges mystérieuses.

Le climat façonne la vie autant que les montagnes : les hivers sont longs, neigeux, implacables, et les étés courts mais éclatants de lumière. Le vent et la brume sont des compagnons permanents, nourrissant l’imaginaire comme les pratiques du peuple midmanchi. Leur langue, chantante et tonale, s’écrit à travers des pictogrammes gravés dans la pierre ou tissés dans des étoffes. Leur monnaie elle-même n’est pas faite de métal mais de galets entourés de fils de soie, signés par les maîtres tisseurs, symbole tangible de leur art et de leur identité.

La République est dirigée par un Grand Conseil du Tissage, assemblée spirituelle et démocratique, dont le président change tous les cinq ans. Le pouvoir ici n’est pas un poids mais une responsabilité, un fil à maintenir dans le grand métier de l’équilibre collectif.

Pour voyager en Midmanchia, il faut accepter que chaque trajet soit une aventure : ponts de soie suspendus dans le vide, escaliers sculptés dans la roche, paniers volants qui oscillent au gré du vent, trains à crémaillère traversant les falaises, caravanes de yacks progressant lentement dans la neige, ou encore voiles alpines qui glissent entre les sommets. Dans ce pays, les chemins sont autant d’épreuves que de poèmes.

Les métiers emblématiques traduisent la relation unique des Midmanchis avec leur environnement : tisseurs de vents, horlogers solaires, cueilleurs de lichens rares, sculpteurs de glace, peintres de drapeaux et gardiens de manuscrits parfumés. Chacun façonne une part du patrimoine immatériel du pays, chacun est une voix dans le grand chœur des montagnes.

La vie sociale s’ancre dans des lieux insolites : salons de thé troglodytes ou suspendus au-dessus du vide, tavernes creusées dans la roche, bars flottants au fil des lacs d’altitude ou encore établissements silencieux où le murmure du vent est la seule musique. La culture midmanchie s’épanouit dans des fêtes hautes en couleur : les Mille Drapeaux qui claquent aux sommets, les cérémonies du thé aérien partagées au-dessus des abîmes, les chants de gorge où résonnent mille voix et mille espèces, et les festivals où parapentes colorés peignent le ciel d’ombres mouvantes.

La Midmanchia n’est pas seulement un pays : c’est une respiration entre ciel et pierre, une république tissée de brumes, de soie et de mémoire.